Les capitales baltes se ressemblent-elles? Une visite de chacune d’elles aura tôt fait de prouver qu’il n’en est rien. Bien sûr, elles ont en commun une histoire, une riche vie culturelle et sociale, un climat estival tempéré des plus agréables. On peut y ajouter – pour expliquer leur actuel succès touristique – des prix et une gastronomie attractifs. Ceux qui en reviennent font état d’un esprit accueillant et d’une pratique courante de l’anglais, ce qui facilite grandement les séjours. Ils s’étonnent aussi de l’essor du high-tech dans des décors d’un autre temps.
Identités différentes
En dehors de ces généralités, on relève trois identités fort différentes. Les Estoniens se sentent proches de la Finlande, les Lettons de la Russie et les Lituaniens de la Pologne. Cela transparaît dans le caractère, les traditions, voire les pratiques religieuses. Vilnius étonne par la richesse de son héritage gothique, Renaissance et baroque. Tallin souligne son passé médiéval, Riga met en avant la variété de ses architectures, avec un penchant pour l’Art nouveau, dont elle a de beaux restes épargnés par les bombardements de 39-45… Autant de joyaux qui valent à ces écrins leur inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Riga est particulièrement attractive: l’an dernier, le trafic de son aéroport a affiché une hausse passagers de 10%. Les inconditionnels de la belle Lettone saluent son musée national – récemment rouvert au public – qui n’a rien d’une coquille vide. Plus de 50’000 œuvres d’art des régions baltes et russes y éclairent un destin marqué par les occupations successives des Polonais, Lituaniens, Suédois, Allemands et Russes. On se souvient que le pays –désormais européen – ne gagna son actuelle indépendance qu’en 1991, après la chute du mur de Berlin.
Bien sûr, on peut poursuivre par le musée de la guerre, celui de l’Occupation ou le sinistre quartier général du KGB. Mais il serait coupable de ne pas entretenir la mémoire au musée juif de Lettonie et à celui du ghetto. Ce dernier a conservé un wagon ayant servi aux transferts vers les camps d’extermination. Un ancien dépôt abrite des dizaines de lanternes flottant dans la pénombre. Chacune est dédiée au portrait et au souvenir d’un déporté. On en ressort glacé. Heureusement, les réconforts du marché central sont à deux pas.