L’émerveillement commence dans l’avion, le nez collé au hublot. La nature se serait-elle plu à éparpiller à hauteur de l’Equateur ces centaines d’atolls, d’îles et d’îlots – 1199 au total – juste pour charmer l’œil? Sur les différentes pièces de ce puzzle étincelant, l’offre hôtelière va du cabanon familial au palace étoilé. Pour trouver ses repères dans le catalogue, pourquoi ne pas comparer l’un des hôtels pionniers – ouvert il y a 40 ans – à l’un des plus récents, inauguré en 2012?
Le test visera Kuramathi et Niyama (on gagne ces îles en hydravion, moyen de transport systématiquement adopté au départ de Malé pour les trajets dépassant 50 kilomètres).
Choix cornélien
Ce qui séduit d’emblée, c’est l’excellent niveau de part et d’autre: aménagement des bungalows climatisés, service et gastronomie, beauté des sites, qualité des spas. Si Kuramathi répond à la vision classique d’un établissement maldivien – genre Robinson gâté – Niyama revoit le concept en misant sur une architecture contemporaine et des infrastructures plus novatrices, comme un night-club immergé.
Etirée sur un peu plus d’un kilomètre de jungle domestiquée, la première des deux îles se termine par un banc de sable enchanteur soleil couchant. La seconde – moins vaste mais pas moins arborisée –, répartit ses logements entre villas de plage avec piscine privative et bungalows sur pilotis.
Historique d’un phénomène
En 1971, un certain George Corbin atterrit sur ce qui n’est encore que le petit aérodrome poussiéreux de l’île d’Hulhule, là où poussera Malé, capitale maldivienne. Il n’y trouve qu’une petite communauté de pêcheurs. Mais ce tour-opérateur italien flaire illico le potentiel touristique de la voisine Kurumba, facilement atteignable par dhoni (embarcation typique locale).
Les innombrables cocotiers confèrent à ce lopin un caractère idyllique. «Oui, mais il n’y a ici aucune infrastructure digne de ce nom!» lui objectent de prétendus spécialistes du marché. Justement: pourquoi ne pas y installer un village de vacances?
L’année suivante, Corbin invite un groupe de compatriotes journalistes. C’est l’enthousiasme. On connaît la suite: dès 1973, les premiers gentils sauvages débarquent à leur tour... Italiens, bien sûr, mais aussi Scandinaves, toujours en quête de soleil et de vie naturelle.
Vers la fin des années 80, on dénombrera déjà une bonne quarantaine d’îles converties en domaines de vacances, accueillant plus de 200’000 visiteurs par an...
Une vague sur laquelle continuent de surfer les requins de l’hôtellerie mondialisée.