Annonciateur de lendemains qui chantent, le printemps ne tient pas toujours ses promesses, surtout s’il est arabe. Demandez aux tenants du tourisme égyptien ce qu’ils en pensent! Ils avanceront des chiffres qui en disent long sur la baisse de fréquentation de leurs sites prestigieux, imputant leur manque à gagner au sentiment d’insécurité amplifié – selon eux – par les médias.
Sur le terrain, les visiteurs amoureux de la plus fascinante des cultures seraient-ils fatalistes, intrépides, inconscients? Ceux-là vous répondent que c’est le moment ou jamais de profiter d’infrastructures enfin libérées des hordes de visiteurs qui, traditionnellement, venaient polluer leurs plus belles images du sphinx, des pyramides ou des colosses d’Abou Simbel.
Pas plus de risques
«Je n’ai pas l’impression de courir ici davantage de risques que sur l’autoroute entre Genève et Lausanne», sourit cette Morgienne face au temple de Philae, en avouant tout de même qu’elle a lu les conseils du Département des affaires étrangères (DFAE -voir encadré) avant de s’offrir un périple digne de Cléopâtre pour le prix d’un week-end à Paris. «L’Egypte se négocie actuellement à des tarifs incroyablement attractifs», confirme encore cette lectrice d’Agatha Christie, ravie d’emboîter le pas à Hercule Poirot sur le superbe bateau popularisé par la version cinématographique de sa fameuse enquête sur le Nil.
Comme l’oiseau
Celles et ceux qui profitent des forfaits actuels ont de quoi consacrer une partie de leur budget vacances à quelques extras de nantis. Ils séjournent dans des palaces pour le prix d’un trois-étoiles et font emplettes de cotonnades et autres souvenirs locaux. Il faut entendre les commentaires de celles et ceux qui se sont levés dès potron-minet pour un survol de Louxor en montgolfière… Et de s’extasier sur la parfaite organisation de l’aventure, en mains de professionnels chevronnés. Ces aérostiers ne sont pas près d’oublier le sentiment de plénitude éprouvé au lever du soleil, dans un silence juste troublé, sporadiquement, par la flamme du brûleur. Pour le reste: chant du coq ou d’un muezzin au lointain, aboiements d’un chien ou braiement d’un âne dans quelque palmeraie encore endormie.
Ici comme ailleurs, l’engouement pour les selfies bat son plein. On prend la pose devant une écrasante statue de divinité, une fresque représentant les exploits guerriers de tel ou tel pharaon, et on immortalise un sourire en clin d’œil à cette civilisation obsédée par l’Au-delà.