Posé sur l’équateur à 200 kilomètres des côtes du Gabon, l’archipel de Sao Tomé et Principe fait partie des joyaux du continent africain. Sa découverte s’apparente à un plongeon dans une nature extra-vierge. Avec plus de 800 espèces de plantes et une variété infinie d’oiseaux et de papillons, les deux îles sont aujourd’hui reconnues comme réserve de biosphère par l’Unesco. Un paradis de l’écotourisme aux deux visages. D’un côté, Sao Tomé, l’exubérante avec sa capitale animée et son Pico culminant à 2000 mètres d’altitude. De l’autre, éloignée de 150 kilomètres dans les eaux de l’océan Atlantique, Principe, l’intimiste avec sa jungle touffue et ses petits villages coupés du monde.
La demeure de King Kong
La principale île, Sao Tomé, offre au visiteur une multitude de décors. Des savanes du nord aux forêts de brume du sud, les paysages édéniques défilent. Puis, la chaussée devient accidentée et gorgée d’eau, elle impose un rythme lent. Les véhicules tentent de l’apprivoiser, en vain. Ils titubent puis débouchent avec peine sur une plage cuivrée et déserte. D’imposantes vagues lèchent le sable onctueux de ce paradis caché. Les pérégrinations laissent souvent place à la contemplation.
Nous reprenons la route. Les pains de sucre trouent l’horizon. Le plus impressionnant, le Pico, pourrait être la demeure de King Kong. Ce phallus géant symbolise à sa manière la fertilité de ce pays où la forêt fait preuve d’une générosité ruisselante: corossols sauvages, fruits à pain, papayes, bananes, mangues, ananas et autres fruits de la passion, y poussent à profusion.
Cette nature généreuse incite le pays à attirer des visiteurs respectueux de l’environnement dont le but premier est d’admirer l’incroyable diversité de la faune. Il n’est pas rare de contempler des baleines s’amusant au large, gracieuses comme un mirage gravé sur la ligne de l’horizon. Entre novembre et mars, ce sont les tortues qui émerveillent les visiteurs en venant pondre sur les plages de Principe. Un ballet millimétré qui s’observe en silence.
180 espèces d’oiseaux
Quant aux amateurs d’ornithologie, ils viennent admirer les 180 espèces d’oiseaux dont 30 endémiques, disséminées dans les forêts. Parmi lesquelles, les choucadors, les martins-pêcheurs, les flamants nains, les ibis, mais aussi le fameux perroquet Jaco.
Direction Sao António do Principe, petite ville de 5000 habitants dont les façades au crépi délavé des bâtiments coloniaux rappellent la grandeur passée de l’empire portugais et surtout l’humidité du climat équatorial. Nous repartons avec une conviction profonde: ces deux confettis perdus au milieu de l’océan Atlantique possèdent les qualités pour devenir une destination phare du tourisme de luxe.
Mais à leur échelle. Car l’espace est limité. D’une superficie totale de 1000 km, les deux îles forment le deuxième plus petit Etat du continent africain. Biberonné à l’aide internationale depuis son indépendance en 1975, le pays n’a d’autre choix que de miser sur un développement maîtrisé afin de trouver de nouvelles sources de revenus.