Qui ne connaît pas encore Berlin s’étonnera d’y trouver autant de voies navigables. Si la ville possède tant de canaux, c’est qu’elle jouxte le Land de Brandebourg, connu pour ses quelque 3000 lacs, marais et ruisseaux. Au XVIIe siècle déjà, la région fut choisie par les monarques, charmés par le cours de la rivière Havel, affluent de l’Elbe. Frédéric II le Grand – contemporain de Louis XV, fêtard et naturaliste passionné –ambitionna d’y aménager une résidence d’été digne des fastes de Versailles, aux portes de Potsdam. L’ancien village de pêcheurs deviendra ville modèle, alliant pouvoir musclé et tradition humaniste.
Renaissance
De cette période subsistent les principales voies tracées et leur pavage. Il faut contempler les anciennes gravures pour saisir l’éclat de ce que Voltaire qualifiait d’Athènes resplendissante, hélas rasée par les bombardements alliés au terme de la Seconde Guerre mondiale. Mais les Allemands – ici comme à Dresde ou Leipzig – ont su démontrer leur habileté à restaurer leur patrimoine au plus près de ce qu’il était, quitte à lui conférer ce léger clinquant à la Disney, au demeurant photogénique. «Vous auriez dû voir Potsdam avant la chute du Mur. Toutes ces maisons pimpantes, en rose et vert tendre, n’étaient que grisouille à l’époque de la RDA [ex-Allemagne de l’Est]», relève la guide Marion Hillebrecht (sa connaissance de notre langue rappelle que le français fut ici couramment pratiqué). De fait, on longe maintenant des avenues bordées de boutiques et cafés, comme la pimpante rue du Brandebourg. «Regardez cet immeuble apparemment banal! Les grilles posées aux fenêtres révèlent qu’il faisait office de prison au temps de la sinistre Stasi [police politique de l’ex-régime communiste]. Je n’ose pas imaginer ce qui s’est passé derrière cette façade.»
Studios de cinéma
Un peu plus loin, le quartier hollandais doit son nom à l’idée de Frédéric-Guillaume Ier d’engager des experts bataves pour assécher les marécages (en 1752). Il leur fit construire 134 habitations de style flamand. Les touristes viennent aujourd’hui y faire une pause gourmande ou s’approvisionner en objets d’artisanat.
Un musée du cinéma fait aussi revivre l’histoire des studios de Babelsberg, où furent tournées certaines des productions les plus glorieuses de l’entre-deux-guerres, comme le mythique Metropolis de Fritz Lang. On peut rêver d’y croiser le fantôme de Marlène Dietrich.