A l’origine, dans la foulée des «miracles» médiévaux, ce sont des acteurs de chair et d’os qui incarnaient les personnages de la Nativité sur le parvis des cathédrales.
Aujourd’hui encore, certaines églises ressuscitent ponctuellement ces crèches «vivantes», dont François d’Assise aurait été l’un des initiateurs – au XIIIe siècle – dans sa paroisse italienne de Greccio.
La Révolution française ayant entraîné la fermeture des églises et la suppression de la messe de minuit, on vit apparaître en Provence des petits personnages, les santoun («petits saints»), censés restaurer un peu de merveilleux dans l’intimité des foyers.
Ces représentations doivent être tridimensionnelles – ce qui exclut les simples fresques ou peintures – et respecter une distribution de personnages incontournables (Jésus, Marie, Joseph). A chacun ensuite d’enrichir ce théâtre biblique d’une infinité d’accessoires et figurines ramenant aux us et coutumes locaux.
Prouesses techniques
Une Nativité façon Dali ou Picasso, l’âne et le bœuf associés à un décor suburbain intégrant graffitis et symboles d’industrialisation, voilà des fantaisies qui n’offusquent en rien les belenistas (de «belèn», signifiant crèche) qui, chaque décembre, se bousculent dans les expositions barcelonaises ou madrilènes.
Ces créations contemporaines y côtoient volontiers des réalisations plus anciennes, appartenant aux musées, collectionneurs ou mécènes, qui entretiennent la compétition entre associations rivales.
Les aficionados évoquent des spécimens modelés dans la mie de pain, sculptées dans le corail ou l’ivoire, parfois si minuscules qu’il faut les observer à la loupe, parfois si fragiles qu’un rien suffirait à briser le verre soufflé dont on les a fait naître.
Certains santons primitifs révèlent déjà une inventivité touchante ou un grand sens esthétique. Ils dépassent de loin le simple amusement destiné à ébahir les enfants.
Les Nativités asiatiques ou sud-américaines offrent évidemment des saveurs exotiques: Jésus d’ébène ou Marie aux yeux bridés ne manquent pas de pittoresque... sans parler des anciennes extravagances zoologiques, quand les artisans s’aventuraient à enrichir leur crèche d’un chameau ou un éléphant modélisé sur la base d’une documentation scientifique encore approximative. www.pichonvoyageur.ch