Bien sûr, le Chinatown de New York est connu, ainsi que ceux de San Francisco, Vancouver et même Paris… Si l’Empire du Milieu exporte un peu partout ces comptoirs exotiques, celui de Londres se révèle le plus festif. Pour s’en convaincre, il suffit de traverser la Manche lors des célébrations du Nouvel An chinois, ou Fête du Printemps. Manifestation agricole à l’origine, l’événement a lieu le premier jour de l’année lunaire chinoise, vingt à trente jours après nos propres réjouissances de fin d’année (fixées selon le calendrier grégorien). Non loin de Piccadilly Circus, le cœur de la capitale britannique se réveille dans un tintamarre de tambours, cymbales et pétards censés éloigner les mauvais esprits. Des dragons chamarrés sont animés à bout de bâtons par des bandes de danseurs habiles à synchroniser leurs mouvements. Ces chimériques créatures s’immiscent de boutique en boutique, histoire d’orienter chaque commerce sous les meilleurs auspices. La foule se fait de plus en plus dense, jusqu’à former de véritables embouteillages humains dans les rues piétonnes enguirlandées de lanternes rouges, couleur de la chance.
Ce Chinatown anglais commence à la fin du XVIIIe siècle. Des milliers de marins chinois immigrent dans l’est de la capitale. Peu avant la Première Guerre mondiale, la zone de Limehouse compte déjà plus de 30 commerces. Mais les bombardements de 1939-1945 réduisent tout le quartier en cendres. S’ensuit une période de chômage pour les populations asiatiques, jusqu’au retour des soldats, à la fin du conflit. La renaissance de la communauté s’appuie alors sur des restos aux saveurs extrême-orientales. Situé au beau milieu de Soho, le Chinatown londonien aligne plus de 70 restaurants où déguster toutes les saveurs de l’Asie, de la cuisine cantonaise aux incontournables dumplings (raviolis).
Une vigueur de phénix
C’est à partir des années 1950 que débute l’essor des popotes exotiques à Gerrard Street. La popularité de ces enseignes ne cessera de croître, jusqu’à attiser la convoitise de grands investisseurs asiatiques. Certains vont même implanter dans le quartier des officines de médecine traditionnelle, avec toutes les plantes de leur pharmacopée nationale, l’une des cinq pratiques de la médecine traditionnelle au pays de Xi Jinping... de quoi soigner de possibles indigestions.