«Regardez ces incroyables formations géologiques! Elles datent de 300 millions d’années», s’enthousiasme Ben, guide naturaliste. Découvreur de ce site extravagant en 1892, l’explorateur anglais Mattew Flinders le baptisa Remarkable rocks. On ne saurait mieux dire. Dali aurait aimé les formes – tantôt molles, tantôt torturées – des énormes blocs érodés par vents et marées, entassés sur un promontoire dominant l’océan.
On apprend que les 4405 km² de l’île Kangourou (Kangaroo Island) ont été séparés du continent par une montée du niveau de la mer, il y a environ 10’000 ans. Des outils de pierre trouvés sur place laissent à penser que des aborigènes l’occupaient déjà dix siècles plus tôt. Ils n’étaient pas seuls, comme en témoigne la richesse de la faune endémique: kangourous, bien sûr, mais aussi wallabies, lions de mer, otaries à fourrure, reptiles, batraciens et quelques rares cacatoès de Latham.
Une arche de Noé
De ce paysage évoquant tour à tour les bocages normands, les landes irlandaises ou les vastes champs canadiens surgissent soudain des portions de forêts séculaires. A noter que plus de la moitié du territoire n’a jamais été déboisée. Un tiers de sa superficie est classé en zones protégées.
Les principaux parcs nationaux sont Flinders Chase – refuge de nombreuses espèces, dont des varans et des ornithorynques, parfois des dauphins – et Seal Bay, où paressent en permanence des centaines de phoques et otaries. Toutefois, devoir payer (cher) pour un coup d’œil rapide sur ce sanctuaire naturel provoque le même malaise que la vente de tickets à l’entrée d’une église.
Heureusement, l’adorable koala n’est pas vénal. L’abondance de son eucalyptus préféré convient à son espèce, introduite sur l’île dès 1923 avec un tel succès qu’elle compterait actuellement 50’000 individus. Une rencontre avec ce marsupial est donc assurée pour le plus grand bonheur de ses fans qui l’observent figé sur son perchoir, passant le plus clair de son temps à sommeiller. Particulièrement épaisse au postérieur, sa fourrure constitue un doux matelas. Pourtant, notre paresseux est bon grimpeur, capable d’équilibrisme pour atteindre les meilleurs rameaux de gommier. On le dit aussi excellent nageur. C’est surtout la star des magasins de peluches, où il n’a pas son pareil pour faire chauffer les cartes de crédit.