Devant la première marche de l’escalier conduisant aux reliques de Saint-Antoine, un compteur additionne les fidèles. En ce début d’après-midi d’août, 2215 personnes ont déjà admiré la langue miraculeusement intacte, les dents et les cordes vocales en parfait état de Fernando Martins de Bulhões alias Saint-Antoine de Padoue. L’éloquence tout à la fois robuste et harmonieuse de ce prêtre franciscain (1195-1231) était telle qu’elle redonnait la foi à ceux qui l’avaient perdue. Aujourd’hui, on invoque Frère Antoine, canonisé un an après sa mort, pour retrouver des objets égarés et la santé ou exaucer un vœu.
Un lieu de foi
«Le rayonnement de Saint-Antoine est universel. C’est le saint le plus vénéré au monde. Sa popularité demeure un mystère... pour moi aussi. Je fus fasciné par lui à l’âge de 12 ans. Je devins ainsi novice tout en suivant des études techniques», confie le Padre ingénieur Giuliano Abraham, septuagénaire allègre et doyen des 52 franciscains de la Basilique Saint-Antoine.
Du monde entier, plus de quatre millions de visiteurs de diverses religions viennent ici avec la même dévotion et le même désir de paix en se recueillant devant les reliques ou en effleurant le sarcophage de Saint-Antoine.
La BD de Giotto
Pour tenter de sauver l’âme de son père banquier usurier que Dante avait précipité en enfer dans l’un de ses écrits, Enrico Scrovegni fit construire une chapelle de style gothique au début du XIVe siècle. Il fit appel à Giotto pour illustrer les murs.
Après avoir patienté dans un lieu de décontamination pendant quinze minutes, vous accéderez pour un quart d’heure chronométré au chef-d’œuvre absolu du maître toscan. Dans cette succession d’images peintes de 1303 à 1305, l’artiste mit au point la tridimensionnalité pour exprimer, en quelque sorte, la présence encore plus proche de Dieu.
Tout s’articule à travers la vie de Marie, ses parents Anne et Joachim et son fils Jésus. Comme une BD, c’est le récit, en images, de la passion à la résurrection jusqu’à la fresque grandiose du jugement dernier.
Venise fait de l’ombre à Padoue qui n’est pas une ville musée comme sa voisine à moins de 40 km. N’hésitez pas à y aller! Plus de 60’000 étudiants savent lui donner une ambiance pétillante alliant l’histoire à la modernité.