Étrange région que ce morceau d’Espagne accroché à la façade nord-ouest de la Péninsule ibérique! On y traverse des forêts d’eucalyptus, des vignobles où le raisin mûrit souvent sur treille, des plages dont la froidure atlantique pourrait bien décourager les plus frileux. Mais on y boit aussi la brûlante queimada, eau-de-vie chauffée avec du sucre. On y exhume d’antiques castros, on y escalade des fortifications médiévales ou des beffrois d’églises et cathédrales. La plus vénérée reste sans doute celle de Santiago, terminus du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
De cette terre sauvage et fertile jaillissent les eaux thermales déjà appréciées des Romains. Elles alimentent aujourd’hui encore des bassins gracieusement ouverts à la population et quelques centres luxueux dédiés aux curistes nantis.
Que viva la fiesta!
Attachés à leurs racines celtes – on entend ici plus de cornemuse que de castagnettes –, les Galiciens se révèlent fiers de leurs différences. Rejoindraient-ils en cela le caractère des Catalans et de quelques autres? Ici, même la fiesta prend des couleurs spécifiques. Jeunes et moins jeunes communient aux mêmes agapes, fleurant bon le chorizo, le poulpe et les pâtisseries de dames patronnesses. Autour d’une grande table montée sur la plaza, on parle politique locale, football et possible amélioration de la conjoncture. Aujourd’hui encore frappée par le chômage, cette région n’a-t-elle pas déjà payé son dû à l’émigration? «On dit de Buenos Aires qu’elle est la plus grande ville galicienne, et que le cimetière de La Havane [Cuba] compte le plus grand nombre de Gallegos au repos», ironise Arturo, un commerçant qui a eu la chance de parcourir le monde.
Immersion rurale
Séjourner dans un palace ou l’un de ces paradores ibériques (demeures historiques transformées en hôtels de charme) peut bien constituer la promesse d’un séjour agréable. Ce n’est toutefois pas la meilleure manière d’apprivoiser l’âme galicienne. L’alternative la plus tendance serait actuellement l’hébergement chez l’habitant, que les viticulteurs d’ici ont su rendre convivial. Pour un rapport qualité-prix souvent imbattable, on peut fraterniser avec la famille d’accueil – éventuellement s’associer à certaines tâches du domaine – et goûter à tout ce qui signe encore une vie simple et naturelle.