A la seule évocation du nom d’Edith Piaf, les images et les notes de musique se bousculent dans les têtes, car tout le monde a entendu parler de ce mythe de la chanson.
C’est lors d’une froide nuit, le 19 décembre 1915, qu’Edith Giovanna Gassion naît à même le trottoir, rue de Belleville, dans le XXe arrondissement de Paris. Pressée par les contractions, sa chanteuse lyrique de mère n’a pas le temps de se rendre à l’hôpital. «Ca, c’est la légende, nuance le Suisse François Kneuss, guide touristique professionnel à Paris pour Frantour depuis 40 ans et créateur d’un circuit exclusif sur les traces de l’artiste. Elle a vraisemblablement vu le jour à l’hôpital Tenon, porte de Bagnolet, comme l’atteste un acte de naissance officiel de l’établissement.»
De l’ombre à la lumière
Ballottée entre divers membres de sa famille, capitale et province, elle découvre le pouvoir de sa voix en accompagnant son père, Louis-Alphonse Gassion, acrobate de rue. Alors qu’il se produit, elle récolte l’argent et pousse la chansonnette. Les foules sont en pâmoison. A 15 ans, elle tente sa chance en solo. Edith écume les rues de Belleville et Pigalle de ses airs entraînants. «Début des années 30, Louis Leplée, directeur du cabaret le Gerny’s, aux Champs-Elysées, la repère et l’engage. C’est lui qui la baptise Môme Piaf en raison de son apparence physique de petit oiseau – 1,47 m.! – contrastant avec sa voix puissante», explique François Kneuss. Sa carrière est lancée.
Ancré à gauche
Le quartier de Belleville, qu’elle a si souvent arpenté dans ses jeunes années, est resté ouvrier, de gauche, habité par une population mixte. L’atmosphère y est quasi familiale lorsque l’on se rend chez le boulanger ou le fromager du coin.
Au détour de la rue des Cascades, vous tomberez peut-être sur l’anarchiste Lucio Urtubia, 85 ans, faux-monnayeur patenté (à l’époque) et qui croisa la route du «Che» Guevara! Toujours prêt à s’enflammer contre le capitalisme, il ne se fait pas prier pour vous dévoiler quelques pans de son singulier parcours.
Pour se remettre de ses émotions, rien de tel qu’un passage un peu plus loin, rue des Envierges, au restaurant Le Vieux Belleville, où Minelle et Riton la Manivelle vous font entonner des succès de l’entre-deux-guerres avant chaque plat, sous l’œil bienveillant du patron, Jo. On en redemande!