On connaît l’influence des blockbusters sur les destinations touristiques. James Bond a fait beaucoup pour les îles thaïlandaises, Harry Potter pour la Grande-Bretagne, Le Seigneur des Anneaux pour la Nouvelle-Zélande... et Amélie Poulain pour Belleville. A Miami, tout le monde vous dira – surtout en bord de mer – qu’il y a eu un avant et un après Sonny Crokett, le célèbre héros de Miami Vice (Deux flics à Miami), interprété dans la série télévisée des années 1980 par Don Johnson.
Lors de ses repérages sur place, l’équipe de tournage ne trouve que des hôtels décrépis, mais dont les façades Art déco révèlent une potentielle photogénie, à condition de leur rendre leur éclat d’origine. On va donc repeindre cette toile de fond en rose bonbon, bleu pastel ou vert amande et lui ajouter quelques néons clinquants. Le décor est planté. Ayant acquis valeur de patrimoine, il drainera de partout artistes, stars et people.
Un aimant bling-bling
Chaque année, dans la première semaine de décembre, la déclinaison américaine d’Art Basel met les amateurs d’art contemporain en effervescence. La foire s’est forgé une réputation mondiale. Elle fait aussi surchauffer les additions du touriste de passage, à l’hôtel comme au restaurant.
Aujourd’hui, South Beach (ou SoBe comme on la surnomme en référence au SoHo new-yorkais) surfe sur l’attraction de ses plages immenses bordant l’océan Atlantique et de ses bars animés par une clientèle satisfaisant aux canons du muscle et du bronzage... fantasmes frivoles de beauté en bikini sur fond de sexe, drogue et rock ’n’ roll.
Au tournant du millénaire, cette vague a été amplifiée par des prix abordables, autant du côté des transports aériens que du coût de la vie sur place. Ce dernier – hélas – a pris l’ascenseur depuis quelques années, au point de transformer ce qui était le bon plan des beautiful people en produit de luxe pour happy few.
South Beach semble se ringardiser quelque peu face à la zone underground de Windwood, sur «terre ferme», beaucoup plus fréquentée par les amateurs de galeries d’art et d’adresses tendance. Un autre souci menace le front de mer: l’inexorable montée des eaux qui manifeste déjà ses effets en érodant les étendues de sable et en inondant les voies d’accès lors des épisodes pluvieux. Compte tenu de l’incurie présidentielle, l’avenir de Miami s’annonce «trumpé»!