Une fois affranchi de tout préjugé, il y a fort à parier que le voyageur n’aura aucune raison de regretter son choix d’explorer la Côte adriatique, de Bari à Brindisi. Il empruntera avec délice de petites routes étroites, insinuées parmi les oliveraies et les herbages dorés par l’été. Il gravira les marches de quelque village-citadelle où les produits du terroir enchanteront ses papilles. Surtout, il retrouvera le rythme d’un mode de vie encore ponctué de siestas et interminables palabres, là où «le temps dure longtemps», comme chantait le talentueux Nino Ferrer.
L’émerveillement commence à Polignano a Mare, dont les habitations de pierre blonde, agrippées à la falaise, font penser à la corse Bonifacio. Au milieu se loge une cuvette appréciée des baigneurs. Dominant cette crique sauvage, l’atelier de Peppino Campanella recèle des trésors de design. Depuis 20 ans, cet ancien architecte bourlingueur s’est rendu célèbre par ses créations de verre et autres matériaux récupérés sur le sable: séduisantes lampes et sculptures en forme de méduses et anémones de mer.
D’une masseria à l’autre
Les prochaines étapes – Monopoli, Capitolo, Ostuni – ne manquent pas de bonnes adresses (trattorie, gelaterie...) et de boutiques originales. Ici et là, s’ouvrent de nouveaux hôtels de charme répartissant leurs chambres entre plusieurs vieilles bâtisses finement retapées. Dénicher les meilleures adresses suppose de s’aventurer dans un arrière-pays où l’égarement prodigue son lot de bonnes surprises. Rien de plus tendance que de séjourner dans l’un de ces anciens domaines ruraux, autrefois dédiés à l’olive, aujourd’hui convertis à l’agrotourisme. Giorgio Armani lui-même aurait bien voulu transformer la belle Torre Maizza en relais design, mais c’est un autre promoteur qui a raflé la mise.
L’exploration du maquis ne devrait toutefois pas faire l’impasse sur des villages aussi photogéniques que Cisternino et sa voisine Locorontondo. Une petite soif? Les frères Patronelli y tiennent le bar le plus novateur, avec ses cocktails aux herbes locales, miel et sirop maison. On y déguste des vins bio et des bières artisanales.
Les grottes de Castellana ou Putignano attirent aussi les amateurs de fraîcheur et de spectaculaires concrétions. Mais vient-on vraiment jusqu’ici pour fuir le soleil?