«Les amants de Vérone sont à jamais couchés, est-ce donc pour mourir qu’ils se sont tant aimés?» Ces quelques notes d’une bluette des années 1970 vous trotteront peut-être dans la tête en arpentant le fief attribué au plus célèbre couple shakespearien; à moins que vous ne fredonniez quelques mesures du ballet de Prokofiev ou de l’opéra de Gounod, composés sur le même argument.
Quoi qu’il en soit, la belle ville-musée de Vénétie classée au patrimoine mondial de l’Unesco semble à jamais fiancée à la musique et aux amoureux. Saluons les mythiques Romeo et Juliette! Ils ont en commun avec le Père Noël leur récupération par quelques as du marketing, avisés que rien ne vaut une belle légende pour drainer les foules. Ainsi donc, les touristes de partout viennent multiplier les selfies sous le balcon d’une Juliette statufiée. On a audacieusement affublé la vénérable bâtisse d’un ancien sarcophage remodelé en balcon.
Graffitis et bel canto
Sur place, les tourtereaux contemporains ont bien du mal à dénicher quelques centimètres encore vierges sur une paroi que l’on a spécialement dédiée aux empreintes de leur pèlerinage. Il est hélas d’autres graffeurs beaucoup plus iconoclastes. Leurs forfaits défigurent une bonne partie des inestimables fresques de la basilique San Zeno, l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture romane italienne.
L’autre incontournable monument véronais jouxte le quartier du Castelvechio (forteresse médiévale et très riche musée d’art): ce sont évidemment les populaires arènes qui attirent chaque été les amateurs d’opéra. A noter que seul un pan de mur extérieur témoigne encore des origines romaines de ce vaste amphithéâtre. «Savez-vous que la tradition d’y monter des opéras remonte au 10 août 1913, date d’une représentation d’Aïda applaudie par Puccini, Maxime Gorki et Franz Kafka», relève une fidèle spectatrice. Et d’ajouter que sa grand-mère assista ici même aux débuts de la Callas, trente-quatre ans plus tard.
En dehors de ses atouts culturels, Vérone a largement de quoi satisfaire les amateurs de shopping et de bonne chère. Plus abordables qu’à Milan – surtout en période de soldes – la plupart des enseignes italiennes ont ici pignon sur rue, principalement le long de l’élégante colonne vertébrale traversant la zone historique, lovée dans une boucle du fleuve Adige.