Marrakech sait se laisser désirer. A commencer par sa médina, la vieille-ville rouge et ocre débordante de vie. Elle affiche ses deux emblèmes: le minaret carré de la mosquée de la Koutoubia, repère immuable dans le ciel, trône à un jet de pierre de la célèbre place Jamâa el-Fna. Si l’entrée de la première est interdite aux non-musulmans, la seconde assume son cliché touristique. Passer, sans trop s’y attarder. Ou alors avant le coucher du soleil en sirotant un thé à la menthe sur une terrasse d’un café. Non, aller plus loin, oser se lancer. Petit à petit, la «Perle du Sud» dévoile ses trésors: anciens palais, riads, hammams, sans oublier le souk et la Casbah. Tous les sens sont en éveil: odeurs des épices et des brochettes grillées, couleurs des tissus éclatants, lumière tamisée des photophores, toucher des objets en bois, son des ferronniers battant le cuivre...
Labyrinthe
Au souk, inutile d’avoir les yeux rivés sur une carte. Se laisser emporter dans le labyrinthe, suivre le flot de la foule, oser une bifurcation à l’improviste, s’arrêter dans une échoppe, échanger quelques mots avec le vendeur, prendre plaisir à marchander. Visiter le quartier des tanneurs, celui des teinturiers, des tisserands ou des ferblantiers. Flâner sans retenue jusqu’à s’y perdre, pourquoi pas?
Sorti du souk, poursuivre son errance. Quitter les axes aux mobylettes pétaradantes et fumantes. Bifurquer à nouveau pour trouver la quiétude des quartiers des riads dissimulés derrière de hauts murs en pisé. Un monde tourné vers l’intérieur. Les maisons de deux à trois étages sont bâties autour d’un patio central muni d’une pièce d’eau. Très peu de fenêtres sur l’extérieur pour protéger de la chaleur et du bruit de la rue. Au sommet, une terrasse offre une vue sur la médina. Beaucoup de ces demeures ont été transformées en maisons d’hôtes ou petits hôtels. Outre les riads, la vieille-ville dévoile dans ses palais toute la finesse de l’architecture intérieure marocaine: la Bahia et la Médersa Ben Youssef sont des joyaux!
Pour clore le séjour, on s’immergera dans les Jardins de Majorelle, riches en variétés de palmiers et cactus. Le peintre (Jacques) y vécut jusqu’à sa mort en 1962. Vingt ans plus tard, deux autres amoureux de Marrakech acquièrent le domaine situé dans un quartier de la nouvelle ville: Pierre Bergé et Yves Saint Laurent. Un musée dédié au génie du couturier vient d’ouvrir ses portes à côté des jardins. C’était un vœu de son compagnon décédé en septembre dernier.