Voici le bout rebelle du monde, comme l’avaient nommé les Vikings débarqués sur cette terre indomptée, aujourd’hui si convoitée par les amateurs d’exotisme lunaire. Au royaume des elfes, on peine à décrire l’étrangeté des paysages… un environnement sauvage nuancé d’une lave noire ou marron, parfois tapissée de lichens jaunâtres ou de Grimmia moussue, luxuriante moquette vert pâle. A proximité des sources et des geysers bouillonnants, les reliefs tourmentés se parent de couleurs plus chatoyantes, jusqu’aux eaux turquoise d’un lagon fumant.
Deux cents volcans ont poussé ici depuis dix mille ans, et les éruptions continuent d’y survenir en moyenne tous les trois à cinq ans. C’est ainsi que l’Islande s’est formée, par remontées successives de matières vomies des profondeurs où Jules Verne a imaginé son Voyage au Centre de la Terre (d’autres y ont situé les portes de l’enfer!)
La plus boréale des îles de l’Atlantique étale ses merveilles entre glaciers et fjords où évoluent des baleines à bosse. De la plage de sable noir de Reynisfjara au parc national de Skaftafell, en passant par les chutes de Gullfoss, on mesure la puissance d’une nature qu’on redoute de voir exposée à de trop nombreux admirateurs.
Bienfaisantes immersions
«C’est une des meilleures recettes que je connaisse contre la gueule de bois», décrète Niels, qui barbotte dans un vaste centre géothermal, à une heure de la capitale, Reykyavik. Naturellement façonnés dans le magma solidifié, ces petits lacs naturels attirent une clientèle de tout âge, convaincue qu’ils lui épargnent stress et mauvaises grippes… sans oublier les bienfaits dispensés par l’eau – très chaude – à tous ceux qui souffrent d’arthrite, d’asthme ou de dermatose. Le baigneur réapparaît le visage badigeonné de blanc: «Fais comme moi: rien de tel qu’un masque de silice pour retrouver sa peau de bébé! Cet oxyde se dépose en permanence sur les bords du bassin. Autant en profiter pour se tartiner: la même matière se vend 50 dollars le pot dans les boutiques de cosmétiques.» Comme les masques de beauté, les classes sociales finissent par se diluer sous la douche collective, que chacun prend dans le plus simple appareil sans jamais se vouvoyer. En Islande, les bains encouragent des rapports très égalitaires, déjà pratiqués en d’autres thermes par les romains. www.pichonvoyageur.ch