Voilà plus de mille ans que la voisine de Londres est habituée aux fastes royaux. Elle a vu défiler princes et monarques sans discontinuer depuis le XIe siècle, séduits par ce vaste territoire propice à la chasse, baigné par la Tamise. Les gens du lieu ont été témoins des multiples agrandissements et remodelages du château hétérogène, entre forteresse et manoir résidentiel.
Si la reine Victoria et son Albert adoré s’y plaisaient, Windsor n’a pas connu que les heures les plus glamour de l’Histoire britannique. On en a fait une prison, on y a célébré des funérailles. Elisabeth II a pleuré le terrible incendie de novembre 1992 – annus horribilis – qui détruisit une centaine de pièces, soit environ 9000 m² de son pied-à-terre préféré. Elle y passe à nouveau ses week-ends, après une restauration à 40 millions de francs.
Au village, donc, plus aucun quidam ne s’étonne de croiser quelque véhicule, voire quelque carrosse royal. Malgré cela, l’annonce des épousailles de Meghan et Harry (célébrées le 19 mai dernier) – choisissant Windsor plutôt que la capitale – a été reçue comme une divine surprise.
Tiroir-caisse
Les touristes payent aujourd’hui l’équivalant de 25 francs pour arpenter les cossus salons de réception et les halls démesurés où a été servi le banquet. Dans les boutiques de souvenirs, les cartes postales du couple princier côtoient les mugs à son effigie. A noter que la vente de produits dérivés royaux remonte au mariage victorien de 1840 (à elles seules, les pacotilles dédiées à Kate et William, en 2011, auraient rapporté 222 millions de £ (252 millions de francs).
En dehors de son épicentre, Windsor a de quoi charmer ses visiteurs avec un immense parc où s’ébrouent des cervidés peu farouches. On peut aussi opter pour de bucoliques navigations sur la Tamise. Il suffit de passer un pont pour se retrouver à Eton, célèbre pour son collège réservé à la future élite masculine du royaume. Le prince Harry y étudia. A l’heure de la pause, les uniformes de ces jeunes gentlemen et les toges de leurs éminents professeurs ramènent à l’imagerie d’un autre Harry, sorcier.
Mais la vraie magie pourrait bien surgir à 17h15 dans la superbe chapelle Saint-Georges, là où Meghan et son fiancé ont uni leurs destinées. Une chorale céleste y offre un récital quotidien gratuit. On ferme les yeux et l’on se surprend à croire aux anges. www.pichonvoyageur.ch