A peine remise de la célébration des récentes noces et naissance princières, Elisabeth II pense à la désaffection – il y a vingt ans – de l’un de ses joujoux préférés: le flamboyant Britannia. Elle y avait accumulé tant de souvenirs sous toutes les latitudes au cours de 968 voyages officiels!
Le yacht royal allait-il connaître le même sort que «la vieille anglaise qu’on appelait Queen Mary, échouée si loin de ses falaises, sur un quai de Californie» (paroles de la chanson Le France par Michel Sardou)?
Heureusement pour lui, non. Devenu musée en 1998, il est aujourd’hui considéré par la très sérieuse BBC comme LE must d’Edimbourg, la capitale écossaise. Amarré définitivement dans le port de Leigh, il attire bon an mal an des milliers de curieux sur la trace de ceux qui y furent accueillis durant plus de quatre décennies: Sir Winston Churchill, Boris Eltsine, Rajiv Gandhi, le couple Reagan et autre Nelson Mandela.
Cuisines et dépendances
La visite du palais flottant ne révèle pas que son côté glamour. Le navire a été conçu au départ pour pouvoir servir d’hôpital en cas de nécessité (lire encadré). On y relève la chaleur étouffante de la blanchisserie et les quartiers spartiates de l’équipage. Rude contraste avec les dimensions de la chambre royale, les salons, salle à manger, solarium ou cabine du commandant de bord (ce yacht était le seul à être placé sous les ordres d’un amiral). Le magasin des bagages pouvait en contenir cinq tonnes.
Au début des années 1950, Elisabeth II avait confié la décoration de son fantasme à un certain Hugh Casson. Son défi: y créer l’ambiance relaxante et cosy d’une résidence de campagne. Mission accomplie, comme en témoigne aujourd’hui la découverte de ce home sweet home marin, déclinée sur cinq ponts.
«On peut encore voir les photos de la reine à bord, quelques objets personnels et différents cadeaux reçus lors de ses 600 escales dans 135 pays», relève le commentaire du guide audio disponible en 27 langues. Un peu plus loin, on note la présence d’une Rolls, évidemment indispensable pour se déplacer à terre.
Mais tant de luxe ne suscite pas que l’admiration. Un couple venu de Manchester ne mâche pas ses mots: «Vous savez, c’est en grande partie avec nos pennies que la firme s’offre toutes ces fantaisies.» La firme… une expression bien républicaine pour qualifier la famille royale, qui – aux goûts de certains – rime un peu trop avec frime.