Né en 1930 dans la ville qu’il nommait affectueusement «Embra», le regretté Sean Connery ne manquait pas d’arguments pour en souligner le cachet. Il est vrai que la capitale écossaise impressionne le visiteur à peine débarqué sur la grande artère de Princes Street. Le panorama sur la zone historique et sur le château a quelque chose de cinématographique.
Edimbourg – championne mondiale des festivals – a aussi ses trésors cachés, comme le révèle Elizabeth Gordon, ancienne enseignante et autre inconditionnelle de la ville: «Pendant la journée, je peux passer une heure à regarder les hérons pêcher. Et, c’est magique d’ouvrir la fenêtre pour m’endormir au son de l’eau qui ruisselle au pied de ma maison.» Cet enthousiasme trahit un privilège: celui des rares chanceux à avoir acquis un logement à Dean, sorte de village-oasis édimbourgeois, inséré en bordure de la sauvageonne rivière Water of Leigh.
Du cloaque à la gentrification
«Magique»… La retraitée précise que sa bâtisse restaurée abritait à la fin du XIXe siècle les ouvriers des onze moulins à eau qui faisaient la notoriété du lieu; une zone par ailleurs décriée pour sa crasse et sa pauvreté, jusqu’au lancement d’un programme de réhabilitation dans les années 1960-1970.
«Difficile d’imaginer ce que fut ce secteur à l’ère victorienne. En plus de la meunerie, il y avait ici des tanneries dont les traitements chimiques dégageaient une forte puanteur», poursuit Elizabeth Gordon.
Un décor «à la Harry Potter»
Pierre de moulins, plaques de pierres décorées et orangées, charpentes en bois, maisons à tourelles signent la belle harmonie de Dean. Les promeneurs longent une berge étroite et ombragée. Ils parviennent à un point de vue sur de petits rapides noyés sous les frondaisons. Surplombant ce vallon encaissé, on a tout loisir d’observer des bâtisses de grès rouge aux façades à la flamande, hérissées de pignons crantés. Des maisons jaune canari ont été ajoutées dans le style Tudor, avec de faux colombages et des fenêtres à petits carreaux.
Well Court est le pâté de maisons le plus recherché du hameau. Ces immeubles étaient à l’origine destinés aux travailleurs locaux. Une publicité des années 1880 décrivait ce lieu comme «fournissant des maisons de deux et trois pièces avec commodités, louées à une classe respectable d’ouvriers».