En 1985, le Touring Club Suisse (TCS) lance une initiative populaire pour une traversée routière de la rade de Genève. Soit très exactement quatre-vingt-neuf ans après une première ébauche de tunnel imaginée par un architecte visionnaire, un certain Albert Trachsel. Trois ans plus tard, le 12 juin 1988, le peuple accepte l’initiative du TCS par 68,5% des voix. Plus qu’un «oui», il s’agit d’un véritable plébiscite. Beaucoup en sont convaincus à l’époque, la traversée routière se fera enfin! Oui, mais non.
D’abord, les partisans d’un tel projet se déchirent. Faut-il un pont ou un tunnel? Le second présente l’avantage d’être «invisible». En revanche, les inconvénients sont nombreux car il nécessite des sorties de ventilation et des trémies d’accès difficilement intégrables dans un site. De plus, la circulation pour piétons et deux-roues est exclue dans un tel ouvrage. Quant au pont, il permet de maintenir une circulation en surface. Plus simple à réaliser, mais «son inconvénient réside dans sa visibilité» comme il est mentionné lors d’une séance du Conseil municipal de la Ville de Genève de 1986. Dans le même temps, le conseiller d’Etat socialiste en charge des travaux publics, Christian Grobet, affiche sa claire opposition à une traversée de la Rade. De reports en débats, en crédits d’étude, le projet est oublié. Comme c’est le cas depuis plus d’un siècle, il ressort de temps en temps, dans une version Traversée du lac, puis retourne aux oubliettes. Preuve qu’il s’agit d’un véritable serpent de mer, la traversée de la Rade s’effectue toujours à la nage. Et parfois plus rapidement qu’en voiture…